Du 13 au 16 novembre avait lieu à Bordeaux un événement inédit, « Bordeaux Week-End Galeries ». Lors de cette première édition, le but était pour les galeries bordelaises de mettre en avant une vie artistique riche et dynamique. En quatre jours, ces institutions culturelles ont accueilli des vernissages, des nocturnes, des brunchs, … pour offrir aux Bordelais cette richesse et cet éclectisme qui définit si bien la « Belle Endormie ». Au cours du week-end, différentes collections, plus ou moins récentes, ont été mises à l’honneur. Le monde des galeries d’habitude peu enclin à accueillir les néophytes souhaite recevoir un maximum de personnes. Démocratisation d’un milieu artistique si particulier où l’Art est ouvertement objet de monétisation. Découverte, on vous emmène…
« Bordeaux Week-End Galerie » a débuté le jeudi 13 novembre. Parmi les nombreux rendez-vous proposés, un vernissage à la Galerie Xenon.
Située juste en face du célèbre C.A.P.C., la devanture rappelle les commerces du début du XX° siècle, extérieur remis au goût du jour.
La façade dissimule deux niveaux. Au rez-de-chaussée, on découvre deux salles aux murs blancs immaculés. Un escalier en colimaçon, fait de métal et de bois, conduit à une troisième salle au sous-sol.
Deux espaces qui restent connectés grâce notamment au sol-plafond en verre.
Beaucoup de monde s’est déplacé ce soir-là.
Les œuvres représentent des étoiles, le ciel, l’infini, les galaxies, ... Sujets artistiques par excellence, qu’on retrouve notamment chez Van Gogh avec la Nuit étoilée sur le Rhône.
La pièce maîtresse est présentée dans une salle à part. Un écrin de chaleur et d’humidité délimité du reste du monde par de simples rideaux en plastique au style industriel.
L’horizon des évènements est une œuvre d’Irwin Marchal, Rémois d’origine mais Bordelais d’adoption. Il a notamment fait ses études à l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Bordeaux.
Il représente ici un trou noir matérialisé - aussi oxymorique que cela puisse paraître - par une sculpture noire faite de charbon qui se creuse et s’enfonce dans la pièce et attire irrésistiblement le regard. Alors que le trou noir est censé représenter le vide, le néant, de véritables spécimens de papillons Morpho Peleides et Caligo Mamnon viennent symboliser l’aspect éphémère et fragile de la vie en marge de cette fatalité qu’est le non-être. Beaucoup de poésie donc.

J’ai pu participer au parcours en bus co-organisé par le Kiosque Bordeaux Culture. Depuis Grand Théâtre nous sommes partis à la découverte de 5 galeries d’art bordelaises.
Nous avons commencé par l’Agence Créative. Il s’agit d’une structure qui propose un nouveau concept : exposer chez soi. Nous avons été confrontés au mélange entre sphère public et sphère privé. L’exposition MULT s’est adaptée au lieu en se fondant dans le mobilier de l’appartement. Cette exposition cherche à mettre en avant des multiples d’artistes, un multiple étant une œuvre reproductible qui est le reflet de la diversité de la création artistique.
Nous avons continué notre route en allant à la Galerie Guyenne Art Gascogne où étaient présentées des œuvres de Michel Joussaume, un natif de Bordeaux qui a aussi vécu en Ardèche. C’est donc à travers ses toiles que nous découvrons son travail en deux phases représentant ses deux inspirations (Gironde et Ardèche) pour deux sortes de paysages. Au fur et à mesure des années on constate que les couleurs prennent le pas sur le dessin. De l’esquisse à l’abstraction, on retrouve des airs de Nicolas de Stael.


Peintures de Michel Joussaume à deux périodes de sa vie montrant l’évolution vers l’abstraction.

Figures au bord de mer – Nicolas de Stael
La suite de notre circuit nous a amené à la Galerie Anne-Laure Jalouneix (exposition de photogrammes et de mobiles en lumière) puis au Soixante-neuf ainsi qu’à la Galerie MLS.
Mon coup de cœur s’est porté sur la galerie Arrêt sur l’image qui expose les deux lauréates 2014 du prix HSBC pour la photographie. Les deux photographes ont des univers totalement différents.
L’une propose des photos en noir et blanc réalisées au Japon et issues d’un procédé d’impression très particulier : phototypies sur papier traditionnel japonais.
La seconde bouscule notre vision des volumes en photographiant des images jouant sur la perspective.

Akiko Takizawa

Delphine Burtin
Cette manière de découvrir l’Art a été très réjouissante. Souvent les artistes étaient là pour nous présenter leurs œuvres, nous les expliquer, répondre à nos interrogations,… Ce fut un réel moment d’échange avec les artistes mais aussi avec les autres participants. Le seul bémol, assez peu de jeunes et d'étudiants s'étaient déplacés pour l'occasion. A vous de faire changer la tendance !
Je vous encourage à découvrir ce concept et à participer au bus de l’art contemporain chaque premier dimanche du mois. Pour 5€ vous découvrirez les expositions du moment organisées dans la CUB.

Tinbox Galerie Mobile
Pas besoin d’aller forcément très loin pour profiter de l’Art Contemporain. Il était possible de voir Allée de Tourny, une très grande box semblable à une vitrine, présentant des œuvres d’Art contemporain. Ce petit espace de 5m² a été conçu par l’Agence Créative, son but est d’apporter l’Art aux passants et de créer une rencontre. Plusieurs versions ont été créées depuis 2007 et une Galerie Mobile avait été mise en place dans le cadre d’Agora en début d’année.
Galerie DX
La Galerie DX, place des Quinconces accueillait principalement les œuvres de Catherine Ikam et Louis Fléri. Le résultat de l’exposition est surprenant. Le visiteur suit un parcours bien précis, où les œuvres alternent avec des installations où il peut participer. Ainsi, assis sur une chaise, un visage vous fixe et entrer en interaction avec vous, il vous suffit alors de bouger pour constater que ses traits sont devenus les vôtres. Les deux artistes ont voulu aborder le sujet de l’image à travers les technologies numériques.


Plus loin, les œuvres de Jofo tranchent avec les œuvres précédentes. Cet artiste (peintre, dessinateur, musicien, vidéaste …) met en scène un petit personnage « Toto » sur ses toiles. Le tout est plein de fantaisie, de couleurs et d’énergie, et oscille entre le dessin d’enfant et le tag.


Enfin, Luc Detot nous fascine par le détail de ses dessins, et la taille de ses œuvres, souvent grimaçantes. Il mélange également la photographie et le dessin et nous livre des portraits décalés.


Galerie Anne-Laure Jalouneix
Lorsque l’on rentre dans cette petite galerie, nos yeux sont tout de suite attirés par des petites installations lumineuses. Bastien Carré expose « l’envolée », des petites sculptures composées de centaines de lumières, il a nommé le dispositif « Lumigraphie », la contraction de « Lumière » et de « graphe ».

Enfin, Steaven David, fasciné par Los Angeles, nous présente une série de tableaux où des photos sont frappées de phrases choc.


Article (dans l'ordre): Nina Raynaud, Léa Hugon et Marine Fruchard