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Motorama, le groupe russe qui fait frissoner le rock

 

 

Motorama est un groupe de rock indé cold-wave, venu du fin fond de la Russie et sur Bordeaux pour une journée, à l’occasion de la soirée organisée par le label Talitres, originaire de la ville. Il est composé du couple Vladislav Parshin à la guitare et au chant et Airin Marchenko à la basse, auxquels s’ajoutent Alexander Norets au clavier, Roman Belenky à la batterie, et Maksim Polivanoc à la guitare.

 

Confortablement installés sur un canapé noir, nous avons fait la connaissance de Vladislav, beau prototype russe aux yeux bleus aussi froids que leur pays et aussi pétillants que leurs morceaux, tandis que les autres riaient gaiement dans leur langue natale, profitant d’un court instant de répit entre deux concerts.

 

Ils ont rencontré Talitres lors d’un showcase, et se sont dit que “ce serait chouette de faire quelque chose ensemble”, et c’est ainsi que l’aventure a commencé. Après leur premier album Alps (téléchargeable gratuitement sur leur site ici -comme quoi, ils blâment le téléchargement illégal qui met en crise l’industrie de la musique, aussi bien à l’international qu’en Russie, mais ils s’efforcent tout de même de s’y adapter), ils signent en 2012 avec le label l’album Calendar, et la machine se met en route.

Les rumeurs disaient que le rock était souffrant, qu’il s’était enrhumé depuis un moment, jusqu’à ce que le groupe russe ne vienne toutes les démentir, et le prouve une fois de plus à cette occasion. Et puis eux, ils se fichent bien de ce que les gens disent, ils vivent par amour de la musique, et dieu sait que c’est parfois dur par les temps qui courent.

 

Si l’homme n’était pas très bavard en backstage –une timidité verbale que l’on peut sans doute mettre sur le compte de ses origines ou de la fatigue que leur vaut leur succès-, il se révèle une fois sur scène, sautant à tout va et donnant à admirer un jeu de jambe et de micro sans pareil. Une énergie hallucinante qui contagionne progressivement tout le groupe puis la salle entière. Ils aiment le live, et réciproquement. D’après eux, leurs meilleurs moments de scène ont eu lieu à Moscou, puisque c’est là qu’on trouve les meilleurs clubs, mais c’est probablement parce qu’on ne se sent mieux nulle part ailleurs que chez soi car, vu de l’extérieur, leur performance scénique fut assez incroyable ce soir-là, dans la petite salle du Rocher de Palmer.

 

 

Un rock moderniste qui ne colle pas vraiment à l’univers musical russe, encore trop ancré dans le passé d’après eux, d’où le dédoublement à la limite de la schizophrénie du groupe. YTRO pour la Russie, Motorama pour le reste du monde, avec une identité et des mélodies propres à chacun des deux.

 

Si YTRO peut-être littéralement traduit du russe par « matin », il est beaucoup plus difficile d’expliquer le choix de leur nom international, puisqu’eux-mêmes semblent l’avoir adopté sans trop y réfléchir, presque par hasard. Inspiré du film américain du même nom racontant l’histoire d’un gamin qui s’enfuit de chez lui pour aller en Amérique et s’arrête à chaque station-service pour gratter un ticket de jeu en espérant faire fortune, on aurait pu y voir un parallèle avec leur propre histoire, mais Vlad nous a assuré que c’était simplement une idée que le bassiste avait soumis en 2005 après avoir vu le film, et qui avait été adoptée parce que ça sonnait bien. La simplicité est leur meilleure alliée, ils l’ont bien compris.

 

Et c’est ce que l’on ressent en écoutant leurs morceaux : la musique résonne comme si elle coulait de source, comme un air venu des profondeurs de la Russie pour nous réchauffer le cœur. Une voix grave et des mélodies douces ; un combo qui semble faire leur succès, puisque les cinq russes arpentent aujourd’hui les routes de France et jouent sur les scènes du monde entier, ravissant un public naissant et avide de rock. Ajoutez à cela un peu de poésie –Franck Sinatra fait partie des personnes qui les inspirent, et pas que sur Facebook- et un grand sens de l’esthétisme, et vous obtenez ce genre de morceau :

Un agenda aussi rempli que celui d’Obama, et la fatigue qui va avec. C’est la deuxième fois qu’ils étaient de passage à Bordeaux, et ils n’ont toujours pas eu le temps de la visiter, à leur plus grand regret. Peut-être lors de lors prochain passage ? On souhaite que celui-ci ne tarde pas en tout cas.

 

 

Article: Sanae Rakba, Clémentine Leroy et Bérengère Cabrero

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