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Mujeres: retour à l'obscurantisme franquiste ?

L’annonce dans les media a fait l’effet d’une bombe il y a deux mois de ça en Espagne : le gouvernement de Rajoy veut interdire le droit à l’avortement. Un bond en arrière de 30 ans. Retour sur cette crise sociale, qui se répand sans surprise en Europe.

 

On peut entendre les raisons des pourfendeurs de l’avortement : le droit à la vie, la banalisation de son utilisation comme moyen de contraception. Mais quelle hypocrisie se cache derrière ce projet de loi : si l’on n’est pas prête à être maman à 16 ans, n’est-ce pas plus grave de faire subir à cette progéniture une éducation immature, un climat familial instable ou encore une enfance transbahutée de famille en famille d’accueil en l’attente d’une famille d’adoption ? Pis encore, le cas du viol. Des cas d’exceptions sont autorisés mais tenez vous bien. Cette loi témoigne d’une connerie sans nom : la jeune femme violée et enceinte devra pour avorter porter plainte et mener jusqu’au bout son procès jusqu’à la délibération des juges. Sachant que 3 mois de grossesse maximum sont « permis » et que la justice croule sous des dossiers, sans compter la blessure psychologique qui paralyse ces femmes d’agir en justice, tout est fait pour que l’avortement ne soit plus qu’une histoire ancienne.

 

Le droit à l’avortement et la loi le mettant en pratique est perçu comme un encouragement à l’interruption volontaire de grossesse. Pourtant, à en juger les chiffres de nombreuses IVG demeurent clandestines illustrant le tabou et la difficulté à assumer une telle décision.

Et pourquoi mettre sur le tapis ce sujet alors que l’Espagne est en grande difficulté et que des sujets bien plus prioritaires sont en jeu ? Des économies de bout de chandelle pendant que le chômage ne diminue que très peu et reste l’un des plus élevés d’Europe (25,8% en décembre 2013), touche 1 jeune sur 2 et que le salaire minimum se situe dans les 750€… S’occuper du social en tuant le social ? Politiquement parlant, le Parti Populaire est en pleine crise identitaire. Les manifestations font rage et c’est le château de carte qui risque pour de bon de s’écrouler si Rajoy et ses compagnons ne retrouvent pas la confiance de leur peuple. En effet, cette loi ne fait que déplacer le problème et les conséquences imaginables sont désastreuses : en faire baver aux plus démunis (comme toujours) qui devront choisir entre 3 scénarios des plus enviables : assumer une grossesse non voulue, s’endetter pour faire avorter à l’étranger ou encore avorter de manière sordide « avec les moyens du bord »… Tout cela pour améliorer les fameuses statistiques (baisse des dépenses de santé et du nombre d’avortements en Espagne) par lesquelles ne jurent que les politiques pour prouver leur bon mandat. Et puis quoi ensuite ? Stop le mariage pour tous, interdiction des moyens de contraception, remise en place de la guillotine et de la chasse aux sorcières ?

 

 

A bon entendeur.

 

 

Article: Andréa Moyer

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