
Pour les 50 ans du partenariat Bordeaux-Los Angeles, le Musée d’Aquitaine accueille la collection privée de Cheech Marin, « Chicano Dream ». Cet acteur, réalisateur, scénariste présente les œuvres de 30 artistes « chicanos », des mexicains ayant émigré aux Etats Unis. Ce n’est que la deuxième fois en France que cet Art est mis à l’honneur, le Bord’erline a adoré.
L’Art "chicano" apparaît au XXe siècle dans le Sud des Etats Unis et plus particulièrement à San Francisco et Los Angeles. Il se traduit par de nombreux biais comme la musique mais sera surtout connu grâce à la peinture murale. Très vite, il est étroitement lié au « Chicano Power » et revendique une culture hispanique parfois oubliée et mise de côté dans un pays où la discrimination est omniprésente. Johan Valadez, un peintre majeur, a été invité à Bordeaux en mai dernier pour réaliser une œuvre sur la façade du musée, il raconte cette époque : « J'appartiens à une quatrième génération de descendants de Mexicains, nous étions punis quand nous parlions espagnol. Je ne parle pas ma langue… ». Au milieu des années 60, le mouvement « Chicano Power », qui se bat pour les droits civils des mexicains, se développe. Ses plus grandes figures sont Cesar Chavez, Diego Rivera, Luis, Valdez, Alejandro Morales, Frida Kahlo… Petit à petit il gagne ses batailles, en 70, l’espagnol n’est plus interdit à l’école, le mouvement parvient à réinstaurer son histoire délibérément effacée des livres, et les crimes perpétrés contre la minorité commencent à être dénoncés.

Festival à Taos en 1940.
Cette exposition est empreinte d’Histoire, elle raconte à travers ces œuvres l’émigration, la discrimination, les arrestations, les émeutes, en somme un combat politique mais également la vie quotidienne de ces « chicanos ». On en apprend donc plus sur un pan de l’Histoire souvent méconnu en France où l’on a en tête le combat des afro-américains avec le « Black Power » qui a eu plus d’ampleur. Cependant, l’Art « chicano » est toujours d’actualité avec de jeunes artistes contemporains qui revendiquent leur culture. Les « chicanos » doivent toujours faire face à des discriminations au quotidien. L’exposition se termine ainsi sur les œuvres de Sonia Romero, Albert Lopez Jr ou encore Carlos Donjuan qui maîtrisent des techniques étonnantes comme la peinture sur bois ou le collage. Le résultat est assez bluffant et très moderne.

Sonia Romero
Pour résumer l’expo en quelques mots : foncez-y ! Elle se termine le 26 octobre et c’est une occasion à ne pas manquer. Pour les amateurs de graphisme, de nombreuses sérigraphies feront votre bonheur, la variété des tableaux et leurs couleurs séduiront également le plus récalcitrant à toutes formes d’Art. Vous y verrez du surréalisme, des scènes du quotidien américain mais aussi du fantastique, allez-y, vous ne le regretterez pas.


Jaime "Germs" Zacarias
Article : Marine Fruchard