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Tinder, l’application aux  plus de 10 millions d’utilisateurs

 

            N’importe quelle statistique liée à Tinder sera rapidement erronée tant l’appli évolue à une vitesse sidérante (oui vous l’avez compris, notre sous-titre est déjà has been). Sa réputation n’est plus à faire, et le concept à expliquer. Mais pour les retardataires (ou les personnes qui se revendiquent « droites dans leurs bottes »),  nous pouvons faire un petit rattrapage. Tinder est une application mobile de rencontres où l’on se connecte via son profil Facebook. Vous aurez ensuite la possibilité de « matcher » ou de dire non à des profils qui se présentent à vous. Si la personne en face vous a aussi matché, c’est un « bingo », vous pouvez discuter avec elle. Sinon, vous n’en entendrez plus parler. A noter que les personnes qui sont inscrites sur l’application sont dans un rayon de 160 kilomètres maximum, ce qui facilite grandement une rencontre potentielle. Les profils sont constitués du prénom, de l’âge,  de photos, et d’une possible –courte- description. Petit bonus aussi, de potentiels intérêts et amis Facebook communs peuvent s’afficher.

 

Pour vous épargner de longs discours voici une petite infographie réalisée par Agustina Garcia :

 

http://fr.slideshare.net/colombel/infographie-sur-tinder-ralise-agustina-garcia-mmi2-iut-de-chambery

 

C’est une application qui fait beaucoup parler d’elle. Révolutionnant la spontanéité des rencontres et leur rapidité, tout le monde cherche à savoir si elle marque l’avènement d’un « Amour 2.0 ». Le Studio Bagel critiquait dans une vidéo cette « consommation des relations », avec comme petite morale qu’« on est tous le moche de quelqu’un » (sous-entendu : un jour ce sera à ton tour de te faire jeter).

En discutant avec des amis masculins, il est rapidement apparu que nos visions, si elles comportaient de nombreuses similitudes, différaient quand même sur certains points. Et bien que cet article ne soit pas l’enquête du siècle, il pourra néanmoins avoir le mérite de souligner quelques petits faits sur ce phénomène, grâce à plusieurs points de vue féminins.

 

Les Tinder girls

 

Rencontres éphémères

 

            Les célibataires savent parfaitement que Tinder n’est pas l’endroit idéal pour trouver l’amour. L’optique est plutôt limitée aux histoires de fesses, V raconte « S’il m’a matché, je suis plus confiante car je sais que je lui plais déjà physiquement. Après on discute et si le feeling passe on se voit en vrai autour d’un verre, et là les choses iront plus loin… ou non ». D’ailleurs, difficile de se faire de fausses idées, les propositions abondent plus ou moins rapidement. 

Tinder c’est plus ou moins l’équivalent d’un site de petites annonces pour des plans cul, n’ayons pas peur des mots. Un gain de temps énorme pour ses utilisateurs qui n’ont plus à s’agiter sur une piste de danse jusqu’au petit matin pour espérer rentrer accompagnés.

Les filles sont en général plus réfléchies lorsqu’elles choisissent leurs interlocuteurs, elles ne veulent pas choisir n’importe quoi.

Une illustration amusante des principales préoccupations des utilisateurs/trices de Tinder…

 

Juste pour rigoler, ou un faire valoir ?

 

            Mais que faisons-nous là ? L’effet de mode, y est sans doute pour beaucoup. Nos copines y sont, ça a l’air drôle, pourquoi ne pas voir à quoi ça ressemble ? Le côté ludique et l’interface, simple d’utilisation, donnent l’impression de jouer. T. nous explique « c’est plutôt par curiosité, peut être un peu par égocentrisme : est-ce qu’il va me matcher ? ». Une sorte de faire valoir, pour se prouver qu’on plaît, se laisser draguer. L’idée c’est aussi d’y aller entre amies pour matcher et rigoler ensemble « On ne se prend pas au sérieux, c’est plus qu’il y a un gros potentiel comique dans les conversations, on ne se fait pas trop d’illusion, on sait que les mecs matchent n’importe qui ». Les utilisatrices en couple  sont monnaie courante, matcher n’est apparemment pas tromper.

Les matches défilent et se ressemblent un peu, rien à signaler.

 

Et pourquoi pas ?

 

            Mais ce qui ressort le plus c’est le profil de ces filles qui viennent « pour voir » et se laisser surprendre. Sans idée préconçue, sans envie particulière, en tout cas pour A. : « Je matchais depuis longtemps et un jour, quelqu’un est sorti du lot, on s’est tellement bien entendu qu’on a voulu voir plus loin, aujourd’hui on sort toujours ensemble et ça se passe super bien ». Ces cas sont plus nombreux qu’il n’y paraît. Et si on ne peut pas à proprement parler de « L’Amour 2.0 », tout espoir n’est pas perdu. Elle rajoute cependant «  On évite quand même de dire qu’on s’est rencontrés sur Tinder, ça risquerait de nous décrédibiliser et des proches ne comprendraient pas ».  Tinder c’est un vaste champ de possibilités, égales à son nombre d’inscrits, un match pourra facilement faire changer les perspectives d’une Tinder Girl.

 

Petite typologie

 

            Sur internet fleurissent les articles de conseils pour Tinder. Tapez « Drague Tinder » et vous aurez des articles à foison. On vous dit (surtout pour les garçons) comment créer votre profil pour être matché le plus souvent possible. Malgré ces conseils très professionnels et très poussés (ironie), on retrouve assez fréquemment certains genres de photos (qui varieront avec les régions bien entendu, le breton aime se montrer sur un bateau).

 

l Le globe trotteur

 

Il n’hésite pas carrément à le revendiquer dans sa description et arbore son plus beau sourire avec son kangourou. Au bout du 100e profil selfie Kangourou on finit par se demander si les mecs ne se sont pas faits un voyage organisé,  ou s’il n’y a pas eu la promo du siècle pour Sydney qu’on aurait loupé. C’est assez malheureux à déclarer, mais oui avant l’Australie nous faisait rêver, maintenant ça semble moins exotique qu’Argelès-sur-Mer en plein mois d’août. Le visa vacances-travail c’est devenu so 2009.

 

l Le selfie – salle de bain

 

Celui qui pose, tablettes bien huilées, regard le plus concentré, avec son papier toilette en fond. Les avantages c’est qu’on peut admirer son environnement proche et ne pas trop idéaliser. 

 

l Le surfeur opportuniste

 

 Aucune fille n’est insensible au cliché du surfeur, et bien, chanceuses que nous sommes, c’est comme si la communauté entière s’était inscrite sur Tinder. Exit les footeux, les handballeurs, et les volleyeurs, la population masculine Tinder s’est subitement mise au surf. Une source proche : « Tu comprends, j’ai jamais mis un pied sur une planche mais ça fait beaucoup plus stylé ».

 

l Le fêtard

 

Le selfie « Je fais la rigolade aux férias avec les copaings ». Ou « Je suis défoncé en boîte avec ma bouteille de vodka ». Si les ferias c’est quand même hyper stylé, on a tendance à trop facilement deviner la suite de la scène (un gros vomi sur les chaussures).

 

l Le papa

 

Un des plus grands mystères de Tinder : celui qui pose avec sa famille, oui oui, la femme et le bébé. De quoi mettre bien à l’aise (déjà vu aussi: les photos de mariage). Lui pour le coup n’a franchement pas compris le principe.

 

Las de Tinder ?

 

            Dans un récent article des Inrocks la journaliste Dayna Evans a déclaré que Tinder était déjà mort. Pour elle, l’application n’a fait que rendre ses relations plus compliquées. Elle la juge même « stupide et nocive ». Et il est vrai qu’au bout du 1000e match, la lassitude prend peu à peu place. Si l’on y revient toujours, les conversations finissent par s’estomper. Devant tant de choix, difficile de repérer celui qui aura un petit quelque chose en plus. Les présentations sont souvent inintéressantes et laborieuses, bref, c’est déjà un peu le spleen. Heureusement, d’autres applications novatrices peuvent prétendre prendre la relève.

 

Happn 

L’application fait étrangement penser à Tinder. C’est en fait le même principe sauf que les profils qui vous sont présentés sont ceux des personnes que vous avez réellement croisées. Vous n’osez pas aborder ce bel inconnu dans le bus qui vous fait de l’œil ? Vous aurez peut être une deuxième chance s’il vous matche. Une application peut être plus ancrée dans le réel.

 

High There

Pour l’instant seulement utilisé dans les Etats américains où le cannabis est légal, ce « Tinder de la Weed » est plutôt vu par son créateur comme un réseau qui permettra l’entraide sur des sujets liés à la consommation de drogue, ou le partage d’idées.

 

Invisible boyfriend

(Crédit photo : theguardian.com)

(Crédit photo : elitedaily.com)

Et si l’esprit de ces applications, qui ont davantage mis en avant la rencontre éphémère au détriment du grand amour vous a dégoûté, si maman vous harcèle pour connaître l’heureux élu de votre cœur, il vous reste…Invisible Boyfriend. Contre un forfait d’une vingtaine de dollars, vous recevez des textos, des appels et obtenez le profil plus vrai que nature de votre –faux- petit ami.  

 

 

            Tinder, sans doute davantage un effet de mode qu’une révolution des pratiques amoureuses. Du moins c’est ce que laissent entendre ses utilisatrices qui peu à peu se lassent. Trop de superficialité, des relations trop éphémères, et même si n’importe quel scénario est possible, l’appli ressemble davantage à un jeu qu’on aurait installé pour se divertir. C’est peut être l’heure de passer à d’autres applis ?

 

Article: Marine Fruchard

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