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     Pierrot Lunaire est créé en 1912 par Arnold Schönberg. Il met alors en musique et en scène la version allemande des poèmes du belge A. Giraud. Dans la cadre de Nov’art, Stephan Grögler propose une réinterprétation moderne, poétique et entraînante de cet opéra.

 

Une entrée en matière intrigante

 

     La première chose qui vient à l’esprit est le côté peu conventionnel puisque la mise en scène rompt dès le début avec les règles classiques.

En effet, au début de la séance tous les spectateurs se retrouvent dans le magnifique hall aux airs antiques du Grand Thêatre. Un pianiste et un clarinettiste sont installés auprès du grand escalier en pierre. La cantatrice américaine Julia Migenes apparaît vêtue d’un ensemble très « cabaret ». Tout en descendant les marches, elle joue de son haut-de-forme et de sa voix de soprano.

 

     Certains des spectateurs sont debout, d’autres sont assis sur l’escalier, tous cherchent la cantatrice du regard.

 

     Après ce moment très intimiste où le public se sent privilégié du fait de la proximité avec les artistes, elle l’invite à aller s’installer.

 

L’éveil des sens et de la curiosité

 

     Elle "chante-parle" les poèmes, ce qu’on appelle le sprechgesang en allemand.

 

     Selon la version originale, le personnage peut être féminin ou masculin même si cet opéra a été exclusivement interprété par des femmes.

 

     Le format est court, 1h30, le temps d’un film. Mais ici l’opéra se savoure un véritable moment de poésie qui met en éveil les sens tel que l’ouïe mais aussi la vue. Elle est sollicitée par un décor très « lunaire »: un chemin encadré d’ampoules blanches traverse la scène. 

     Une nuée dont la luminosité varie à mesure de l’évolution spatiale de la cantatrice. Ce chemin d’étoiles est relié à deux îlots rouge-orangés. Chaque espace marquant un temps dans l’opéra. 

     Dans un coin, se trouve l’instrumentation composée d’un piano, d’une flûte, d’une clarinette, d’un violon et d’un violoncelle. 

 

     Tout au fond, 60 spectateurs volontaires sont assis, une disposition qui recrée l’ambiance intimiste d’un cabaret.

 

     Ce qui surprend aussi, c’est le rythme de l’opéra avec une alternance de chants et de solo d’instruments (mention spéciale au violon).

 

Des reprises engageantes

 

     En plus des poèmes du belge Giraud, Julia Migenes reprend des morceaux mythiques qui renvoient à l’imaginaire du cabaret, de la clandestinité et de la décadence :

 

« Alabama Song » est une chanson composée en 1927 par Bertolt Brecht que The Doors reprendront des années plus tard :

     Mais aussi « Lili Marleen » composée en 1915, chanson d’amour allemand rendue célèbre par son interprète Lale Andersen en 1938. Fassbinder consacrera un film - du même nom que le titre qui l'a faite connaître - à la vie de cette chanteuse de cabaret  :

     Un opéra aussi surprenant que réjouissant, porté par une puissante interprétation, et qui revisite le mélodrame avec des accents de cabaret de l’entre-deux-guerres.

 

 

Article: Nina Raynaud

Photos du site de l'opéra de Bordeaux: http://www.opera-bordeaux.com

 

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