
L’exposition en l’honneur de Niki de Saint Phalle au Grand Palais s’est malheureusement terminée ce 2 février 2015. Retour sur un événement que le Bord’erline a adoré.
Née Catherine Marie Agnès Fal de Saint Phalle en 1930 en France, et morte en 2002 à San Diego, Niki de Saint Phalle aura marqué son temps. Mieux, elle l’aura devancé.
Ce qui se dégage de cette exposition c’est la diversité de son œuvre mais surtout la personnalité de sa créatrice. Le visiteur chemine entre différentes périodes. Si l’artiste est très connue pour ses Nanas, on se rend compte qu’elle s’est aventurée partout, de la sérigraphie jusqu’à l’architecture.
Scolarisée dans une école religieuse, abusée par son père dans sa jeunesse, internée dans un hôpital psychiatrique, ses œuvres sont influencées par sa vie.

Pink Nude in Landscape (1956-1958). Tableau fait d’huile et d’objets trouvés. (crédit photo/Artiwiki.fr)

Monkey (1960-1961). Plâtre et objets divers (crédit photo/gallerie-vallois.com)
Niki de Saint Phalle prétendait qu’elle avait tout pour devenir une « terroriste » psychiquement parlant, mais que l’Art fut son échappatoire. Elle mit en scène des « Tirs Publics », filmés, et photographiés. A l’aide d’une carabine, le tireur visait des poches de couleurs. Ces œuvres ont diverses significations, on peut y voir une « mise à mort de l’Art » mais aussi des critiques de la société. Certaines de ses peintures, Heads of States ou King Kong seront perçues par certains comme les prédictions funestes de la mort de Kennedy et de l’attentat du World Trade Center, respectivement 6 mois et 40 ans plus tard.

Niki de Saint Phalle, devant son œuvre Autel noir et blanc (Autel), 1962 (crédit photo/actuart.com)

Grand Tir – Séance galerie J (1961)
Saint Phalle nous présente de nombreuses figures féminines : mariée, déesse, prostituée. Dans ses sculptures il est intéressant d’observer les objets qui les constituent…

Le cheval et la mariée, 1964 (crédit photo/ belle-et-rebelle.com)
Déjà féministe à une époque où le mouvement n’a pas encore émergé, Niki met les femmes à l’honneur. Elle a d’ailleurs déclaré « Le communisme et le capitalisme ont échoué. Je pense que le temps est venu d’une nouvelle société matriarcale. Vous croyez que les gens continueraient à mourir de faim si les femmes s’en mêlaient ? ».
Ses Nanas représentent la puissance et la joie. Ces femmes pulpeuses aux couleurs vives deviendront sa marque de fabrique, Niki en fera même une maison au Moderna Museet à Stockholm.

Gwendolyn (1966-1990) (crédit photo/wikipédia.org)

Hon, 1966 (crédit photo/dailyartwork.tumblr.com)

Les trois grâces, 1995-2003 (crédit photo/artdesigntendance.com)
« Je veux être supérieure : avoir les privilèges des hommes et en plus garder ceux de la féminité, tout en continuant à porter de beaux chapeaux ». Saint Phalle revendique un féminisme joyeux, et s’engage également pour les droits civiques et certaines causes comme l’avortement, le port des armes, la lutte contre le Sida ou encore le réchauffement climatique.

Global Warming, 2001 (credit photo/fr.ch)
L’œuvre de Niki de Saint Phalle est à la fois joyeuse et colorée, mais pleine de révolte et de revendications. Si vous l’avez ratée, rien ne vous empêche de regarder le film « Niki de Saint Phalle, un rêve d’architecte » qui a déjà reçu deux prix, le Prix du Meilleur Documentaire dans la catégorie « Art » de Vidéos Conservations 2014 puis le Prix portrait Télévisuel Françoise Giroud 2015.
http://www.ina.fr/video/CPD14002668
Article: Marine Fruchard