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          Le nouveau millénaire semble avoir annoncé, avec son armada d’écrans géants et de films pornos, ses filles retouchées et ses innombrables pop-up, la mort de l’Amour et le règne de la désormais Souveraine Solitude. Des téléphones intelligents pour une humanité qui l’est de moins en moins : Internet a tué l’érotisme, et fait du Couple une espèce en voie de disparition.


Rares sont ceux qui survivent plus de deux ans dans cet environnement nocif, et la plupart se meurent avant même d’avoir atteint l’âge de maturité, selon de très sérieuses études aux sources extrêmement fiables.

 

Un constat inquiétant, qui interroge sur l’avenir de notre génération. Les scientifiques s’en réfèrent à la maladie d’amour, dont ni Sardou ni personne n’a jamais trouvé le vaccin, et élaborent des théories pessimistes sur l’obsolescence programmée de cet étrange phénomène physico-chimique qu’est l’amour. Certains vont jusqu’à affirmer qu’il aurait une durée pré-limitée, et leur confrère Beigbeder a obtenu l’oscar H2G2 pour sa thèse intitulée « l’amour dure trois ans ».
D’ailleurs, il paraît même que ce sont nos hormones et tout plein de trucs chimiques un peu compliqués qui déterminent nos goûts en la matière.. Rien à voir donc avec une jolie paire d’yeux ou une passion commune pour le tunning, tout cela n’est qu’une sombre histoire de survie de l’espèce et d’ADN compatibles.

Alors, le Couple est-il voué à disparaître ? Après les dinosaures et les bisons, va-t-on assister à l’extinction du Couple ?

 

 

L’assassinat des Couples par Steve Jobs, Photoshop, Facebook et Nabilla : entre mensonge et réalité, c’est l’enquête de la rédaction.

Lovosaures

Pour un tel sujet d’étude, l’école de commerce s’est imposée comme étant l’environnement idéal, représentatif de l’hyperconnectivité mise en cause. Un milieu où Apple règne en maître et où l’on étudie d’obscurs concepts tel que le taux de pénétration du marché des capotes, soit un milieu où les spécimen de Couples devraient se faire rares -à en croire les dires des plus éminents spécialistes.

 

Or il semblerait que, contrairement à ce que l’on aurait pu penser, le Couple n’a pas totalement disparu de la surface des locaux. Non, il a simplement évolué, suivant la logique darwinienne, pour s’adapter à son époque.

 

En effet, au cours d’une exploration approfondie des couloirs de l’école, on a pu apercevoir, dans telle ou telle coursive (et notamment la deuxième), quelques couples enlacés, ce qui laisse penser que le Couple, comme un virus acharné, résisterait aux assauts des progrès technologiques. Des maux doux qui se transmettent d’étudiant en étudiant, à la vitesse des Oreillons.


Mais, si les bactéries doivent muter pour lutter contre le fléau de l’antibio, le Couple lui aussi se transforme, et prend désormais une allure nouvelle. Les cinquième doigts de pieds raccourcissent, et les relations aussi ; Darwin avait vu juste.

L'amour selon Doc Darwin

Mais alors, comment reconnaître un Couple désormais ?

 

Typologie du Couple 2.0

 

Si l’on considère toutes les acceptions modernes du genre, on pourra distinguer plusieurs sous-espèces :

 

  • Le Couple Oldscool : celui qui dure et qui transpire le bonheur. Cette race de Couple est hélas la plus menacée, et vient justement d’être officiellement déclarée espèce protégée par WWTF.

 

  • Le Couple Kleenext : espèce la plus répandue, sa durée de vie peut varier de quelques minutes à quelques nuits. Pour les amateurs de bonne cuisine, on le chasse souvent en OB ; délicieux en conserve, se mange en boîte, la nuit.

 

  • Le Couple Alzheimer, qui se confond parfois avec le précédent, et dont on ignore encore le nombre exact (actuellement estimé à 3200, soit 6,4 fois le nombre de bémiens). Cette espèce, qui souffre d’une lourde dépendance aux psychotropes en tout genre, est particulièrement présente dans les milieux festifs.

 

  • Le Couple Mieuvozetreçeulkemalacompaghné : qui se suffit à lui même. Un animal solitaire, qui en fait une race à part dans la typologie des Couples, puisqu’il n’en est pas vraiment un. Il est, dans la plupart des cas, identifiable par une carence effective en phéromones et un excès de sébum.

 

  • Le Couple Je t’aime, j’y vais, dit JTMJV : espèce en pleine croissance démographique, caractérisée par une atrophie du côté gauche du cœur, empêchant un fonctionnement normal du processus de réciprocité des sentiments. On appelle communément les mâles de cette race des sharks, et les femelles des salopes.

 

De cette enquête approfondie, il ressort donc le Couple n’est pas encore en voie d’extinction : au contraire, de nouvelles espèces font leur apparition, et se reproduisent avec une rapidité déconcertante. Toutefois, il est à craindre que l’accélération notable de leur développement et de leur croissance, que l’on peut sans doute mettre en lien avec la baisse de la durée de vie moyenne, crée des séquelles irréversibles, et amenuise la force et la vitalité de l’animal.

Le Couple n’est ainsi fort heureusement pas devenu un mythe auquel il faudrait cesser de croire à l’âge adulte, comme les licornes ou les elfes : il existe encore bel et bien et, à bien y regarder, on distingue l’amour un peu partout. Pour le voir, il suffit simplement d’ouvrir un peu ses yeux, et grand son esprit, afin d’élargir ses chakras et son champ lexical, et admettre l’idée que le Couple de notre époque n’est plus le même qu’à l’ère prémeetic.


Pas d’inquiétudes donc, tout n’est question que de nuance et de vocabulaire. Comme pour le réchauffement climatique, on s’y fera, et on fabriquera même des ventilateurs géants s’il le faut. Et puis de toute façon, en école de commerce, on le sait bien que tout ça c’est des conneries, et que quoiqu’il arrive, toutes ces théories scientifiques alarmistes ne font pas le poids face aux super-pouvoirs d’un Super Diplôme.

 

D’ailleurs, en bonus, l’infographie « Génération YouPorn », qui montre bien qu’au fond, il y a du bon dans tout ça.

Découvrez le film In A Relationship de Sam Boyd

 

https://vimeo.com/117360598

 

 

Article: Clémentine  Yorel

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