
Le magazine Néon publiait en Octobre 2014 son 23ème numéro et sur la couverture en bas à gauche un rond blanc annonce : « Mes années Grandes Ecoles : l’élite étudiante nous a ouvert les portes des campus » De quoi aiguiser notre curiosité, nous en « Programme Grande Ecole ». Dans la catégorie des Ecoles de Commerce, le magazine nous invite à une immersion dans le monde de … KEDGE, ah non ! L’ESSEC. Et là… stupeur, l’article détaille clairement le problème d’égo de l’ensemble (ou presque) des étudiants ! Serait-ce là une vérité universelle: les étudiants en Ecole de Commerce ont-ils le « boulard » et, surtout, pourquoi ?
« Les cons ça ose tout c’est même à ça qu’on les reconnaît. » Audiard
Si on tape le mot « boulard » sur Google voici la première définition sur laquelle on tombe : « être fier, avoir la grosse tête ». Il semble que le net se fourvoie…
Avoir le « boulard », au-delà de ça, c’est la conviction excessive de la supériorité qui passe par la suffisance et l’orgueil. En gros, le stade précédant la mégalomanie.
Il est, également, défini par le religieux Thomas d’Aquin qui identifie l’orgueil comme un des sept péchés capitaux. Remarque, en Ecole de Commerce, certains péchés sont devenus, à leur tour, de véritables religions (ironie du sort). La luxure reste la religion comptant le plus grand nombre d’adeptes, des fidèles de toujours ou des convertis de la dernière heure. L’orgueil répond au même type de phénomène avec des adeptes de plus en plus nombreux.
Moi, beau et parfait
Pour expliquer et justifier l’orgueil, certains assurent qu’il n’est que le revers de la médaille de la fierté, et que les deux, fierté et orgueil, fonctionnent conjointement... Très bien ! Mais si c’est le cas, de quelle fierté parlons-nous ?
Est-ce la fierté de pouvoir se payer une école à 10 500€ (et même plus) par an? La fierté d’avoir réussi à intégrer une école sur concours après deux années d’études acharnées pour ensuite subir une violente et irréversible régression intellectuelle ? Ou sûrement est-ce la fierté d’appartenir à un cercle fermé, prétendument nanti, une communauté à part entière que les gens identifient spontanément, une marque « top of mind » en soi...? De toutes les hypothèses soulevées, une d’entre elles attire notre attention et nous paraît être la plus légitime.
Il s’agit du sentiment d’appartenance. L’auteur Olivier Devillard affirme que : « L’appartenance sociale est une aspiration essentielle de l’humain. Elle est le signe d’un lien humain et d’une place parmi les autres ». Propre à l’ensemble de notre école mais aussi, et surtout, à une échelle numérique inférieure, aux associations. En effet, le « boulard » ne serait rien sans « l’effet polo » et vice-versa.
Plus il y en a, mieux c’est !
Alors certes, la plupart des gens à KEDGE sont atteints de ce mal. Ils n’en souffrent pas, heureusement. Ou du moins ils ne s’en rendent pas compte. La quantité d’exemples de « boulard » dans notre école donne le vertige. Il a même fallu inventer un Bemmy Award pour arriver à déterminer lequel était le plus développé. Parce que le « boulard » est comme vous l’aurez compris un phénomène très complexe et d’une richesse aussi surprenante que déconcertante. On relève même plusieurs catégories de « boulard ».
Cependant « la critique est aisée mais l’art est difficile ». Oui ! Le « boulard » est un véritable objet d’art. Et même si les « boulards » ont envahi nos cercles, ils n’en restent pas moins attachants. Il paraîtrait même que certains leur aient attribué des noms affectueux… Une manière d’ironiser sur l’étiquette à laquelle nous sommes tous rattachés en tant qu’élève en Grande Ecole de Commerce…
Article: Nina Raynaud