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Rencontre avec GARCIAPHONE

 

 

Lorsqu’ on écoute un morceau de Garciaphone sans connaître l’identité des artistes, on a plus tendance à penser rock indé américain des 90s qu’à un groupe issu du terroir auvergnat. Pourtant, ce sont bien trois clermontois, que l’on a rencontré à l’occasion du concert du 12 Décembre au Rocher de Palmer où ils se produisaient en première partie de Motorama. Ils nous avaient donné rendez-vous autour d’un café un peu plus tôt dans la journée, juste avant leur showcase à la Librairie “Le Passeur”.

BORDERLINE | Racontez-nous la création du projet Garciaphone, comment tout cela à commencé?

 

Olivier Lopez (O.L): Garciaphone à la base c’est un projet solo dans lequel je me suis lancé en 2007, alors que j’étais étudiant à Oslo. Je revenais de trois semaines de tournée au États-Unis avec le guitariste Charles Zerner. À l’époque, j’étais seul sur scène avec ma guitare et mes textes. Ce qui m’a poussé? Tout simplement le fait que la musique a depuis toujours fait partie intégrante de ma vie et que je n’étais prêt à la laisser tomber pour quoi que ce soit.

 

BORDERLINE |Justement, l’instrument sur lequel tu as commencé n’est pas la guitare mais la batterie, n’est-ce pas? Quand a eu lieu ta “reconversion”?

 

O.L: J’ai très vite touché à tous les instruments mais la batterie a effectivement été ma première révélation dans la musique. Ado, j’ai fais parti de pas mal de groupe mais toujours à la batterie. C’est quand j’étais en Norvège que j’ai eu une “révélation” en admirant un lac gelé (rires)! Il était temps que je prenne une guitare et que j’écrive mes textes pour pouvoir m’exprimer pleinement à travers la musique.

 

BORDERLINE |Quatre ans plus tard (en 2011) et après un premier EP auto-produit, l’EP Divisadora voit le jour chez le clermontois Kütu Folk. Tout de suite, les comparaisons se font, notamment avec Elliot Smith et son songwriting plein de mélancolie, et plus généralement avec la pop-folk américaine des 80s et 90s…

 

O.L: Ah ça oui, on nous l’a dit ! Pour l’anecdote, et pour rendre à Elliot ce qui lui est dû, Raph’ (Raphael Broue, batterie), Thomas Pérez (guitare) et moi étions tous les trois présents au concert qu’il a donné à Clermont en 2000, et  qui a été comme un déclic pour nous trois : on avait 17-18 ans et c’est à ce moment là qu’on a commencé, chacun de notre côté, à rêver d’un futur dans la musique.

 

BORDERLINE | Puisque tu en parles, et que tu es le seul à parler d’ailleurs (rires), comment s’est déroulé le passage du solo au trio? Cela a-t-il changé l’identité de Garciaphone?

 

Raphaël Brou (R.B): Haha c’est vrai qu’Olivier a plus d’affinités avec les mots ! Non mais étant tous les trois originaires de Clermont, on se connaissait déjà depuis un bout de temps, on se croisait souvent lors d’évènements musicaux. Donc on savait que nos influences et nos goûts se recoupaient forcément. Après, c’est évident que de passer de un à trois musiciens change beaucoup de choses, notamment au niveau du rythme qu’on donne à nos chansons.

 

O.L: J’ai senti que le projet solo était trop limité, et quand je me suis mis à la recherche d’autres musiciens, le choix s’est assez vite porté vers Raph’ et Thomas, que je connaissais déjà et avec qui je savais que le courant passerait bien. Je suis super content parce que ce passage au trio à permis de muscler nos morceaux sans toucher à la sensibilité des textes, et c’est exactement ce qu’on recherchait. Après, le changement, les évolutions, sont inévitables, surtout en musique, et on aime jouer là-dessus: je ne peux jamais dire exactement dans quelle direction on se dirige au moment où l’on commence à produire. C’est ça qui est excitant aussi !

 

BORDERLINE | Votre collaboration a donc accouché d’un premier album, baptisé “Constancia”, sorti sous le label bordelais “Talitres Records” en Avril dernier, et produit par Peter Deimel (The Wedding Present, Deus) au mythique Studio BlackBox à Angers. Pour une première en studio, ça a dû être une sacrée aventure ! Qu’est-ce qui est à l’origine de tout ça ?

 

O.L: C’est la rencontre avec Sean Bouchard, le fondateur de Talitres qui a été le point de départ de la production de Constancia. Sean nous avait contacté auparavant pour nous dire qu’il était intéressé pour bosser avec nous, et on s’est rencontré au cours de l’été 2012 pour démarrer notre collab’.

 

T.P: L’enregistrement au Studio BlackBox par contre, nous est tombé dessus un peu par hasard : on a croisé Peter (Deimel) à Nantes lors d’un concert, et comme on avait pas de plan pour la nuit, il nous a invité au studio !  On a tout de suite flashé sur le lieu : isolé, authentique, tout ce qu’on aimait quoi ! On a commencé à jouer, puis à enregistrer, et en deux sessions (une quinzaine de jours en tout) et grâce aux précieux conseils de Peter, l’album était prêt (vers fin Décembre 2012).

BORDERLINE |Depuis Septembre, votre “Constancia Tour” vous a donc fait voyager jusqu’à New-York, avant un retour en France. Deux questions : une différence de public entre les deux côtés de l’Atlantique ? Avez-vous un “modèle” de live que vous conservez à chaque date ? Comment ça s’est passé avec Motorama sur les dernières dates (tête d’affiche des dates françaises de la tournée) ?

 

O.L:  Nos 3 dates à Brooklyn ont constitué une super expérience ! Le public américain voit énormément de groupes enchaîner et se produire devant lui, il est dont assez exigeant. Je m’étais déjà fait la réflexion quand j’étais parti jouer seul en Californie il y a quelques années, on retrouve un public connaisseur, même dans les restos mexicains ! Mais globalement on a été très bien accueilli, ce qui nous conforte dans les ambitions qu’on a de nous faire une place à l’étranger dans un futur proche (UK et US principalement).

 

T.P: On a toujours le live en tête quand on produit nos chansons : ça leur donne une énergie contenue, que l’on libère une fois sur scène. Après, cette interprétation peut changer d’un live à l’autre, on a d’ailleurs des retours assez divers de nos publics. On interprète nos morceaux avec autant de spontanéité que possible, et on laisse chacun les interpréter comme il le souhaite.

 

R.B: Motorama, c’est 5 russes très calmes, posés en apparence, mais complètement perchés et super cools dès qu’ils se lâchent. Ils ont eu des petits soucis avec leur matériel presque tous les soirs, donc on espère qu’ils ne pensent pas qu’on leur porte la poisse, parce qu’on rejoue avec eux en Février!

 

BORDERLINE | Etes-vous en production en ce moment, malgré la tournée? Parlez-nous un peu de votre processus de conception.

 

O.L: Je m’isole toujours pour écrire les textes (ce qui ne m’empêche pas de le faire un peu en tournée, quand on est dans un “creux” de quelques jours) et ensuite c’est un travail collectif pour l’instrumental. Aujourd’hui on doit avoir 4-5 nouveaux morceaux finis ou sur le point de l’être, et je prévois une petite “retraite” à la fin de notre tour pour en écrire d’autres.

 

BORDERLINE | Vous voilà donc arrivés à la dernière date de votre tournée, pour l’année 2013 en tout cas. Est-ce une première à Bordeaux ? Donnez nous vos impressions sur la ville et la région. Un petit conseil à donner aux jeunes étudiants bordelais qui rêvent de vivre de la musique ?

 

O.L: On était déjà passé en 2011, à trois groupes de Clermont pour une date, mais on connait quand même un peu la ville, notamment les charmes de sa vie nocturne. C’est une région de France où se cultive l’art de vivre (dont la musique fait partie intégrante) donc forcément on apprécie.

 

T.P:  Un conseil ? Continuez la musique ET vos études (rires)! La réalité est souvent plus dure que le rêve d’ado, qu’on a eu aussi…

 

BORDERLINE | Si vous pouviez faire une collaboration, vous la feriez avec…

 

R.B: Dave Friedman, pour son côté “barré”, ou Jason Lytle.

 

BORDERLINE | Si vous deviez ne garder qu’une chanson/un album…

 

O.L: Le choix serait cornélien mais je vais dire Grandaddy ! Tu me laisses prendre tous les albums ? (rires)

 

BORDERLINE | Enfin et comme de coutume pour finir notre interview : l’esprit “BORDERLINE”, c’est quoi pour vous en une phrase ?

 

R.B: Je pense qu’on était bien dans le “Borderline” quand on a passé trois jours de tournée à vivre et se déplacer à l’arrière d’un semi-remorque, entre Londres, Rennes et Clermont. Entre l’inconfort, le froid et l’état de la remorque, c’était épique !

 

BORDERLINE | Merci, bon showcase et bon concert!

 

Article: Valentin Pacaud et Bérengère Cabrero

 

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