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Frog in Town, Première d'un festival multi-culturel

          Après un été mouvementé pour certains, plus studieux pour d’autres, il a finalement fallu revenir à Bordeaux. Et même si durant un instant un sentiment de nostalgie nous est monté à la gorge, il s’est rapidement dissipé pour laisser place à cet enthousiasme qui définit bien l’ex « belle endormie ».

 

Aussitôt arrivés donc, direction Léognan, petite commune de l’agglomération bordelaise. Ce samedi 13 septembre 2014 se tient le festival multiculturel de Frog in Town. Pour sa toute première édition, l’équipe a vu les choses en grand.

 

En effet, il y en a pour tous les goûts : marché, concerts, ateliers, … Nous nous promenons un peu dans le parc où a lieu quelques uns de ces concerts. L’ambiance est détendue, bonne enfant. On s’installe dans l’herbe en face de la scène. Après quelques couacs logistiques et difficultés techniques aussitôt résolues, débute le premier concert.

La programmation est uniquement bordelaise et nous réserve de très belles surprises. Charlie Plane ouvre les festivités. La musique est posée, douce, en parfaite harmonie avec un décor simple et bucolique. La chanteuse du groupe, un brin hésitante lorsqu’elle s’adresse à un public encore calme se métamorphose au moment de prendre le micro et nous transporte dans son univers à la fois un peu rock, blues et folk.

 

Nous l’avons rencontré à la fin de son concert.

B - Commençons par le commencement, pourquoi avez-vous choisi ce nom ?

 

C.P. - Charlie parce que c’est mon surnom (ndlr elle s’appelle Charlotte) tout bêtement et Plane  c’est un petit clin d’œil au fait que j’ai travaillé dans l’aérien pendant un moment.   Et puis l’ambiance de la musique est assez  posée, planante.

 

B - C’est quoi votre histoire, comment vous êtes-vous rencontrés ?

 

C.P. - Alors on s’est rencontrés dans un bar… (rires) C’est vrai en plus !  Au départ donc Jeoffrey, Shob, à la basse, animait une scène ouverte à la Dibiterie, un bar à Bordeaux qui a fermé depuis. Et un soir j’y suis allée, on m’a un peu poussé à monter sur scène et ils étaient -avec l’autre batteur- en train  de faire l’accompagnement donc on a joué ensemble, comme ça, en improvisation, et  puis ça a bien accroché.. Et maintenant je suis en couple  avec le bassiste donc ça a plus qu’accroché (rires)

 

B - On a lu l’article qui vous est consacré dans LesInrocks Lab il y est écrit que vous étiez un trio devenu duo mais..

 

C.P. - …Et on repasse en trio !

 

B - Et là c’était vous trois oui..

 

C.P. - Voilà on est trois. C’est tout nouveau, on vient juste de repasser en trio parce qu’en fait notre batteur avait dû changer de région pour des raisons personnelles donc on s’est dit qu’on allait  essayer de travailler en duo, ce qu’on a fait vu qu’il {Shob} avait développé le basse-batterie en simultané avec  d’autres projets  et là on est à un stade où dans notre évolution musicale on a envie de travailler plus nos arrangements, pour peaufiner vraiment . Donc ce n’était plus gérable de faire basse-batterie en même temps pour pouvoir faire ça. Là on peut travailler plus de choses, faire des trucs plus légers.

 

 

Alors que l’interview se déroule, deux autres musiciens montent sur scène avec les deux musiciens de Charlie Plane.

 

 

B - Du coup il y a une partie du groupe qui joue dans un autre groupe de musique ?

 

C.P. - Donc là oui la basse-batterie est le même. Le monde de la musique à Bordeaux est petit et les bons batteurs et les bons bassistes se font rares, donc on se les partage.

 

B - Vous rencontrez un certain succès dans la région mais être intermittent, surtout aujourd’hui ce n’est pas évident, nous arrivez à vivre de votre musique ou vous continuez d’exercer une activité professionnelle à côté ?

 

C.P. - Alors moi à un moment donné un peu mais maintenant je travaille à côté et par contre Simon et Shob, non. Eux, ce sont des musiciens professionnels donc ils sont profs aussi à Bordeaux et intermittents. Moi, je vivote…

 

B - Vous êtes aujourd’hui le premier groupe à jouer pour la toute première édition du festival multiculturel Frog in Town, comment vous avez été contactés par le festival ?

 

C.P. - Ils avaient déjà organisé des concerts pour d’autres groupes de Shob et pareil, le réseau bordelais… On se connaît. On en avait discuté lors d’un autre concert et puis finalement ils nous ont validé, contacté pour qu’on joue vraiment sur le festival.

 

B - Quelles sont vos impressions sur le festival ?

 

C.P. - Ma foi c’est cool, les gens arrivent c’est chouette. C’était un petit peu dur au début avec quelques petits soucis techniques et d’organisation. Il devait y avoir un groupe avant nous mais qui du coup n’a pas pu jouer, donc on a commencé à l’heure mais il y avait pas mal de retards.

 

B - Revenons à vous. Vous venez d’annoncer sur scène que vous allez bientôt sortir un EP ?

 

C.P. - Tout à fait, mi-octobre. On a sorti un clip dimanche dernier qui est sur YouTube, Endless Night Le morceau qu’on a joué tout à l’heure. Et on sort un EP si tout va bien avec un petit label bordelais, Bambalam Records. Un six titres qui sera plus piano. Mais ça reste à confirmer.

 

 

B - Vos projets pour la suite ?

 

C.P. - Là on cherche un tourneur  pour nous aider dans la recherche de dates, nous notre objectif c’est de jouer un maximum et puis voilà. On a pas beaucoup de réseau donc essayer  de trouver les professionnels qui  puissent nous filer un petit coup de main  et sinon on est assez contents de ce qu’on a fait  déjà jusque  là, on fait des belles scènes. Moi tout ce que je veux c’est jouer donc dans les meilleures conditions possibles. Et peut-être un petit peu plus dans le rock post-rock, psyché, on va voir on va essayer  de développer un peu, d’évoluer.

 

L’interview se termine et Charlotte nous offre leur dernier EP So it goes. A l’intérieur une phrase : « Building a path so my instinct will guide me on it… »

Nous aussi, nous continuons nos pérégrinations et nous dirigeons vers un stand en charge de la vente d’une bière blonde artisanale produite à quelques kilomètres de là, à Pessac par la Brasserie Gasconha. Le temps pour nous de discuter avec des bénévoles très enthousiastes à l’idée de contribuer à cette première édition.

 

Notre rencontre la plus surprenante du festival est sans doute Gatha. Un charmant mélange de violoncelle, de beats électronique et de chant. Après 12 ans de conservatoire, Agathe Issartier compose ses premiers morceaux, et sort deux EP (dont le dernier, Fuir est sorti début 2014). Le succès est au rendez-vous, elle arpente la scène depuis près de 2 ans et on la demande pour de belles premières parties : Jil is Lucky, Asaf Avidan, Lily Wood and The Prick, Micky Green, Revolver… (pour n’en citer qu’une petite partie).

 

En ce samedi après midi, elle dégage une belle énergie, se lâche, le public jusque là un peu timide semble enchanté. On ressent une certaine expérience de la scène mais le tout conserve une vraie fraîcheur. Les textes sont personnels et poétiques, la bordelaise a vraiment créé sa touche, et le moins que l’on puisse dire c’est que cela fonctionne.

 

Rencontre avec celle qui a déjà charmé André Manoukian…

B - D’où vient ton nom ?

 

G - En fait mon nom c’est un surnom car je m’appelle Agathe…

 

B - On l’avait presque deviné…

 

G - Eh oui ! C’est un surnom mais quand je l’ai pris, après quelques concerts, on m'a dit qu’il y avait une signification autre : c’est en fait un poème bouddhiste et ça me plaisait bien, du coup je l’ai gardé.

 

B - On a vu qu’il y avait un symbole sur scène, qu’est-ce qu’il signifie ?

 

G - En fait c’est un logo, c’est les cordes de mon violoncelle ( Gustave ), il n’y en a que trois car c’était plus graphique, avec les circonflexes.

 

C’est la forme du violoncelle représentée de façon très minimaliste et c’est comme une sorte de signature.

 

B - On a vu que tu avais fait 12 ans de conservatoire, est-ce que tu peux nous raconter un peu ton parcours ?

 

G - 

J’ai commencé le violoncelle, j’avais 7 ans. Mes parents ne sont pas musiciens mais écoutent pas mal de musique, du coup j’ai été dans le cursus classique pour tout ce qui est solfège, apprentissage de l'instrument et de la voix…C’est une certaine rigueur, ça apprend une certaine technique d'un instrument que tu ne peux apprendre difficilement en autodidacte. Mais quand j’étais enfant et ado j’ai jamais vraiment écouté de musique classique....

 

J’écoutais de la pop, du rock, de l’électro, des musiques de films. Au conservatoire, ça n’allait pas du tout, j’avais l’impression -c’est rigolo- que tu étais sensé transmettre des émotions, mais en fait tout est figé et écrit sur des partitions et les gens qui ont écrit ça sont morts : tu ne peux même pas leur demander ce qu'ils ont ressentis ou ce qu'ils voulaient transmettre.

 

C’est une sorte de truc hyper sacralisé, il y a un rapport à la scène dans le classique qui me rendait malheureuse. Les premiers rapports à la scène dans le classique, c’est pas être en face d’un public pour partager des choses, c'est être en face d'un jury qui te juge. Ce n'est pas pareil... Et puis j’ai découvert l’impro à 15 ans au Conservatoire, et à partir de là j’avais envie d'exploser : par exemple, si j’avais envie d’exprimer ma colère, de mettre mes propres mots et émotions avec le violoncelle sur ce que je ressentais...c'était possible.. j'ai trouvé que la pop se prêtait plus à ça.

 

B - Et du coup, tes influences ?

 

G - A la base je suis très très fan de Björk, c’est une grosse influence pour beaucoup de monde en fait. Après j’aime beaucoup Lykke Li, c’est une artiste pop suédoise, The Knife. Il y a aussi Chostakovitch en compositeur classique que j’adore, plein de compositeurs de musiques de films comme Philip Glass, Dany Ellfman. En fait il y a beaucoup de films qui m’inspirent aussi.

 

B - Des musiques de films ou leurs ambiances ?

 

G - Ce sont vraiment les films qui m’inspirent en fait (Edward aux mains d'argent..). Je lis pas mal de poésie, pas forcément trop de livres. En chanson française j'écoute Dominique A, Bashung, après Emilie Simon j’aime beaucoup par exemple.

 

B - Et pourquoi mi-français mi-anglais ? Pourquoi ce choix ?

 

G - Je chante plutôt en français à vrai dire , il n'y a qu'une seule chanson en anglais.

 

A un moment donné pour moi, ce qui est primordial c’est juste être dans la vérité, partager des choses avec des gens qui sont peut-être dérangeantes, tristes mais ce sont toujours des choses qui m'ont grandement touchées, marquées et dont j'ai envie de parler, sur lesquelles j'ai envie d'écrire.....

 

Une fois posées, tout va mieux, c’est mon exutoire...ça me permet de prendre du recul sur les choses que je vis, de les dépasser. Du coup le choix du français est venu simplement de la volonté de se faire comprendre et de mettre un propos en avant.

 

B - Tu as fait beaucoup de premières parties de « Grands Artistes », tu es plutôt bien lancée, quels sont tes projets pour la suite ?

 

G - En fait,  à chaque fois je fais des premières parties mais je n'en fais qu’une ou deux sur la tournée, j’aimerais beaucoup en fait plus.

 

Là,  je m'apprête à rentrer en studio pour mon nouveau 5 titres. Ça fait un an que je fais des dates en continu, des premières parties entre autres, et j’ai sorti un 4 titres fin janvier 2013 donc j'avais envie de nouveauté.

 

Le but est d'aller plus loin dans mon univers, en terme de partis pris, de qualité, avec mes nouvelles compos – j'ai aussi pris plus de temps pour les écrire.

En fait tout ce que j’ai fait depuis un an ce n'est que du «home made», que ce soient les clips, l’enregistrement... là c'est différent, j'ai beaucoup pris de recul dessus pour recomposer.

 

B - Et là tu es montée sur Paris ?

 

G - Oui, depuis six mois maintenant .

 

B - Et c’était par obligation professionnelle car tu as plus d’avenir là bas qu’en restant sur Bordeaux ?

 

G - Je suis née à Bordeaux, j’ai passé 25 ans à Bordeaux,  j’adore cette région, cette ville. Il y a un confort qui est génial mais à un moment donné, au niveau de la visibilité, je sentais que c’était fermé.

 

Même s’il y a des ouvertures sur l’extérieur et que n'est pas une petite ville, ça reste quand même fermé, c'est dommage. Ce n'est pas vraiment par obligation professionnelle, juste le fait de se dire aussi, « j’ai passé 25 ans dans une même ville, il faut que j’aille voir ailleurs ». Paris ce n’est pas une ville confortable pour plein de raisons mais elle l’est pour plein d’autres : tu rencontres sans arrêt des gens qui créent et qui font leur petit bout de chemin et c'est ce dont j'avais besoin pour être heureuse. Je veux juste vivre le plus possible de la création et faire des concerts.

 

B - Et bien on te le souhaite ! En tous cas merci beaucoup !

 

G - Merci à vous, c’est adorable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une journée agréable faite de rencontres et de découvertes musicales.

 

Bruno, membre de l’équipe organisatrice nous confie sa satisfaction après des semaines de pression : « Dans l’ensemble on est très contents, on a eu ce qu’on espérait malgré une forte concurrence avec Odezenne gratuit à Bordeaux. C’est très encourageant pour une première édition et c’est une super expérience. L’année prochaine, si on remet, ce sera encore mieux ! »

 

A l'année prochaine donc !

 

Article: Marine Fruchard et Nina Raynaud

Photos: Marine Fruchard

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