
Rares sont ceux qui parviennent à situer Djibouti sur une carte du premier coup (mais si, c’est ce minuscule pays entre l’Erythrée, la Somalie et l’Ethiopie !). Et pourtant c’est la dernière colonie française à avoir proclamé son indépendance, en 1977, et elle reste encore aujourd’hui très liée à la France.
Pour vous faire rapidement un topo, Djibouti (dont la capitale est…Djibouti) c’est seulement 23 200 km², et 860 000 habitants. On y parle entre autres le français, l’arabe, et c’est surtout l’un des pays les plus chauds du monde, ses paysages sont en général désertiques.
Un lieu stratégique
Djibouti est à la sortie de la mer Rouge, et à l’entrée du Golf d’Aden. Elle est l’un des pays les plus stables de sa région. Chaque jour des milliers de bateaux passent au large de ses côtes pour se diriger vers le Canal de Suez. Elle est également un point essentiel dans la lutte contre la piraterie. L’opération Atalante, lancée en 2008, s’en sert de base et a été un succès puisque les opérations de piratage sur les côtes somaliennes ont fortement chuté.
En gros, Djibouti fourmille de militaires. L’Armée française côtoie des militaires Américains, et mêmes Japonais, sans parler des petits effectifs envoyés par les armées européennes pour le dispositif Atalante. Les bases versent de lourds loyers à l’Etat Djiboutien pour pouvoir y rester. Avec le port, c’est la principale source de revenus du pays.
Un petit coin de paradis méconnu
Inutile de dire que les touristes ne sont pas légion dans les parages. Néanmoins développer le tourisme est l’un des principaux objectifs fixés par le pays. Si les hôtels ne sont pas très nombreux, les sites à visiter et les activités le sont.

Par exemple, prenez une petite barque de pêcheur et allez explorer les îles paradisiaques (Maskali, Musha), faîtes-y de la plongée (vous y verrez des dauphins, tortues, raies et poissons à foison…).

« L’hiver » partez nager avec des requins baleines…

Enfoncez vous dans le désert en 4x4, et dormez à la belle étoile, bercé par le hurlement des hyènes…

Partez en excursion voir le Lac Abbe au lever du soleil, un endroit irréel qui a accueilli le tournage de la Planète des singes..

Baignez vous au Lac Assal, l’équivalent de la mer morte, vous flotterez tout seul…

Vous pourrez faire du char à voile dans le désert du grand Bara, avec l’infini à perte de vue…
La liste est longue, et même si les infrastructures ne sont pas développées, qu’il faut la plupart du temps dormir à la dure, vous aurez le sentiment d’être seul au monde dans des endroits d’exception.
Djibouti, une démocratie ?
Ismaïl Omar Gueleh (dit « IOG ») en est le Président depuis 1999 après avoir succédé à son oncle. Il a modifié la Constitution pour pouvoir briguer un 3e mandat en 2011. On ne compte plus les accusations de fraude, les emprisonnements de ses opposants, les tortures, les exiles forcés, les pressions...Sans parler de l’affaire du Juge Borrel en 1995.
J’habitais à Djibouti en 2010 et 2011, années du début du Printemps Arabe. Près de 4000 personnes ont défilé, sans grand succès. Les journaux français sont restés très discrets sur l’événement. La France tairait-elle les crimes de cette dictature déguisée pour conserver ses propres intérêts ? Quelques journalistes tentent de temps à autres d’aborder le sujet, mais sans réellement faire de vagues. IOG est gentiment retourné à Paris en 2011 pour résigner un pacte avec Nicolas Sarkozy.
Djibouti est un petit pays par la taille mais grand par son histoire, sa population, et ses capacités. On ne peut qu’espérer qu’en 2016 IOG laissera sa place à une réelle démocratie et qu’enfin, le pays se dévoilera dans sa totalité.
Articles et photos: Marine Fruchard