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Budapest: le reflet d'une culture nationale en perpétuelle évolution

 

Les prémices de l’été se font déjà sentir et alors que la plupart  d’entre nous seront probablement reclus dans un des bureaux de l’entreprise qui a eu l’audace de nous accepter comme stagiaires, certains se laisseront peut-être tenter par des labeurs à peine plus cocasses que l’on nomme communément festivals. Une suggestion : le Festival de Sziget à Budapest -le plus grand festival d’Europe- du 11 au 18 août,  dévoile une programmation aussi dense que diversifiée. D’ailleurs : http://szigetfestival.fr. Il demeure un des plus grands évènements culturels de la capitale hongroise.

 

Il reste toutefois en marge de la culture « magyar » pour se rapprocher plutôt de ses homologues occidentaux. Mais la culture hongroise, qu’elle est-elle? Après des décennies voire des siècles de flottement et d’indécisions elle repose, désormais, sur un savant mélange d’imprégnations, d’inspirations, …. Au niveau artistique, culturel et en particulier architectural , la Hongrie connaît au milieu du XIX° siècle une influence européenne marquée, qui la pousse notamment à construire des édifices s’inspirant de la Renaissance française et italienne. La fin du siècle amène une palette extrêmement diversifiée de styles, à l’image du château Vajdahunyad.

En réaction à cet éclectisme basé essentiellement sur des influences extérieures, de nombreux artistes décident de créer leur propre style, qu’ils revendiquent comme étant celui de leur nation. On parle alors, à l’aube du XX° siècle, de la Sécession qui donne naissance à de somptueux bâtiments tels que l’hôtel Gellert et ses bains.

 Ainsi il a longtemps été reprocher aux Hongrois leur absence d’identité culturelle, se définissant à travers un patchwork d’influences des autres civilisations.

 

Cependant n’est-ce pas là le fondement de toute culture ? Le poète mexicain, Octavio Paz disait : « Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. A l’inverse, c’est de l’isolement que meurent les civilisations. » Cette richesse dans la diversité se retrouve partout dans la capitale hongroise. Le plus étonnant de notre point de vue d’occidentaux est sans doute la promiscuité entre des bâtiments aux origines discordantes comme en témoigne la place de la Basilique Saint-Etienne. 

Comme si la ville avait réussi à cristalliser dans un même écrin son histoire européenne et son passé communiste. Là repose, je crois, la véritable richesse budapestoise et par extension hongroise.

Cette richesse se retrouve aussi dans la cohabitation de styles musicaux complètement différents. La musique hongroise se fonde à la fois sur des compositeurs romantiques tels que Franz Litsz (https://www.youtube.com/watch?v=0odaG9qi818 ), de la musique klezmer (https://www.youtube.com/watch?v=C_rNwv36WWQ ), une musique folklorique juive, et de la musique tzigane, une communauté établie depuis le XV° siècle dans le pays.

 

Bâtie  grâce cet éclectisme, cette culture souffre pourtant aujourd’hui des partis pris politiques du gouvernement. Le thêatre en reste l’exemple le plus notable. En 2013, l’Etat hongrois a arrêté de verser les subventions réservées aux troupes indépendantes de thêatre, principalement situées dans la capitale. Ces dernières étaient cependant « un des champs les plus innovants et les plus intéressants de la culture hongroise » selon le directeur d’une compagnie de Budapest. Or, ce qui prime aujourd’hui en Hongrie, c’est un thêatre jugé médiocre par la plupart des spécialistes. Ils le décrivent comme la mise en scène de « personnages pseudo-historiques qu’on voit dans des opérettes bas de gamme ». Le problème réside, assurément, dans le manque de considération apporté à l’Art en Hongrie mais surtout dans le manque de liberté, en privilégiant des œuvres contrôlées par des proches du gouvernement placés à la tête d’institutions culturelles au détriment d’un art indépendant, et donc, au détriment de l’indépendance elle-même.

 

Mais la culture en Hongrie après des années d’oscillations n’a pas encore dit son dernier mot.

 

Article et photos: Nina Raynaud

 

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